Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.
153
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Il s’arrêta, les yeux fixés sur elle et un immense découragement l’envahit. Marie-Anna restait immobile, distraite, sans même avoir l’air de l’entendre. Elle ne répondit pas.

Mais Henri sentit une force nouvelle le gagner. Sa timidité instinctive disparaissait enfin, chassée par l’exaspération de son amour continuellement refoulé. S’asseyant près d’elle, il se remit à parler voulant à tout prix secouer cette force d’inertie, cette indifférence qu’elle affectait :

— Pourquoi ne me réponds-tu pas, Marie-Anna ? Me méprises-tu parce que je t’aime ? Trouves-tu que je ne souffre pas assez ? Veux-tu que je parte et ne revienne jamais ? Dis-le… allons, dis-le ! J’attends que tu me donnes la vie ou me l’enlèves ! Parle…

Elle releva la tête et le regarda :

— Tu es vif, Henri, fit-elle avec une calme extraordinaire. Tu prétends me connaître depuis plus de quinze ans ; si je ne le savais moi-même, je crois que j’en douterais. Si tu me connaissais bien, tu ne me dirais pas : « J’attends que tu me donnes la vie ou me l’enlèves ! » Ce n’est pas sérieux, mon ami ! Tu sais bien que les influences