Page:Bluther - Marie-Anna la Canadienne, 1913.djvu/147

Cette page a été validée par deux contributeurs.
147
MARIE-ANNA LA CANADIENNE

ravissement étrange. Au bruit du convoi, bercée par une mélodie imaginaire, elle s’abandonnait à l’éternelle rêverie ; elle pensait à Jacques, l’aimé, l’adoré, l’absent… Elle prononçait tout bas ce joli abréviatif de « Mia-Na » qu’il lui avait donné dans une minute d’expansion et les souvenirs de ce temps heureux grisaient son cœur d’une ivresse pure et infinie.

— Que fait-il à cette heure ? se demandait-elle. Il doit penser à moi puisque je pense à lui… Jacques !

La tristesse succédait à cette tendre évocation.

— Que ce serait bon de pouvoir pleurer un peu ! pensait-elle.

La voix d’Henri l’arracha encore une fois à ses beaux rêves. Le train était en gare de St-Jacques des Grandes-Piles et les voyageurs descendaient.

Marie-Anna ne s’en aperçut pas.

L’étudiant lui toucha le bras, croyant qu’elle dormait et dit :

— Nous sommes arrivés, Marie-Anna.

Elle tressaillit comme la première fois et en ouvrant les yeux, elle regarda le malheureux