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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

Quand les jeunes filles et la tante Manceau arrivèrent à Québec, Jeannette savait que Marie-Anna aimait Jacques et qu’elle attendait son retour.

À la nuit tombante, elles reprirent le chemin de la gare et passèrent rue St-Jean devant la maison de pension où habitait Henri Chesnaye.

— Celui-là t’aime aussi… dit Jeannette en voyant Marie-Anna lever machinalement les yeux.

— Hélas ! répondit-elle. Je le sais qu’il m’aime mais je ne puis que l’en plaindre. Il est si bon que je n’ose pas lui dire en face qu’il perd son temps. Et pourtant, un mot suffirait.

— Tu devrais le lui dire, fit Jeannette.

— Mais, comment le lui dire ? Il faudrait d’abord qu’un mot de sa part provoquât une explication ou que moi-même l’amène à dire… Non, cela ne se peut ! Et en admettant qu’une occasion me soit offerte de lui faire comprendre que je ne l’aime pas, que je ne puis, que je ne veux pas l’aimer plus que d’une amitié de camarade, comment recevra-t-il ce coup-là ?… J’éprouverais de la peine à ne plus le voir ; c’est un bon ami que je perdrais !