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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

quand on parlait de Jacques, trahirent encore un peu le secret de Marie-Anna et dirigèrent les suppositions de Jeannette vers l’éclaircissement complet de l’énigme. Un peu blessée, peut-être, dans sa qualité de confidente, Jeannette s’assura que Marie-Anna lui cachait quelque chose. Elle hasarda des questions habiles ; l’amoureuse, tout d’abord se déroba, puis revint d’elle-même au sujet avec toute la maladroite candeur de son ingénuité, comme quelqu’un qui brûle d’entendre parler d’une chose et craint en même temps de le laisser voir.

L’esprit alerte de Jeannette Manceau toujours à l’affût des curiosités de son âge trouvait dans les mélancolies passagères de Marie-Anna un vaste champ d’exercice. Ses suppositions l’amenaient invariablement au souvenir de Villodin. Elle se disait :

— Après tout, pourquoi pas ?… C’est très possible…

Elle pensa faire parler l’intrigante. Ce lui fut d’autant plus facile que Marie-Anna journellement obsédée par ses scrupules ne souhaitait rien tant que de soulager un peu sa conscience en s’épanchant dans une oreille amie.