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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

moins que jamais disposée à écouter des confidences. Mais qu’avait-elle à craindre ? Il eût fallu qu’elle l’encourageât, qu’elle lui arrachât par lambeaux cet aveu qu’il retenait.

Elle lui souhaita le succès pour ses prochains examens. Henri la regardait toujours, silencieux et agité, attendant la parole tendre qui réchauffe le cœur à l’heure des séparations.

Elle dit simplement en lui tendant la main :

— Alors, à bientôt.

— À bientôt, répéta-t-il machinalement.

Quand il fut parti, elle soupira :

— Pauvre Henri !

Mais dans ces deux mots, il n’y avait que de la bonté. Elle les prononça sans être émue et ce ne fut que le temps d’un sourire triste au coin de la lèvre.

Marie-Anna reprit son train de vie ordinaire et paisible ; les meilleurs instants de sa journée étaient ceux durant lesquels elle s’enfermait, seule avec ses rêves, ses espoirs dans l’intimité discrète de sa chambre. Sa tristesse s’était peu-à-peu évanouie après les larmes des premiers énervements. Elle vivait maintenant dans la sérénité de l’attente, dans l’espérance.