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Jeannette Manceau arriva la première le lendemain, chez son amie. Elle entra joyeuse comme à l’ordinaire et dit :

— Bonjour, chère ! Tu sais la nouvelle ?

— Oui ; M. de Villodin est venu m’annoncer son départ.

— J’ai rencontré M. Gilbert ce matin en allant à l’église, reprit Jeannette. C’est lui qui m’a fait part de cet événement ; il en paraissait enchanté.

Elle ajouta, toujours insouciante :

— Si son ami de Villodin est aussi content que lui, on ne va pas s’ennuyer ce soir, à l’heure des adieux !…

Marie-Anna, plus pâle encore que de coutume était assise au piano quand Jeannette entra. Elle jouait sans enthousiasme l’air d’une chanson normande que Villodin avait chantée quelques jours plus tôt. Profondément triste mais résolue à faire bonne contenance devant ses amis, elle faisait appel à cette volonté innée chez certaines femmes sensibles qui leur permet de dissimuler