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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

passé la nuit à échafauder des projets plus insensés les uns que les autres. En fin de compte, il s’était dit :

— S’il ne faut que dix jours pour aller en France, il n’en faut pas davantage pour revenir au Canada…

Il se proposait donc de repartir de France aussitôt après la célébration du mariage de sa sœur. Pensait-il seulement que son père le retiendrait, que sa mère serait seule après le départ de Marguerite et qu’elle avait été privée de l’affection de son fils durant trois longues années ? Non ! Sa passion le possédait tout entier et remuait avant tout le fond d’égoïsme qui dormait en lui. Là était la raison de ce calme surprenant qui avait succédé du jour au lendemain au désespoir et à la colère.

— Dans six semaines je serai de retour auprès d’elle ! se disait-il sans cesse.

Et cette idée du retour profondément ancrée en lui, il se jurait bien qu’aucune force humaine ne l’en ferait démordre.

Quand Marie-Anna le vit venir, pâle, les yeux cernés par les larmes et l’insomnie, elle eut l’intuition que quelque chose de grave était arrivé.