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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

s’exaltait sourit du ton terrible de cet ordre et prenant un à un les doigts qui lui enserraient le bras, sans effort apparent se dégagea.

— Ah ça ! fit-il ensuite d’une voix tranquille. Entreprends-tu maintenant de m’intimider ? Au lieu de me rouler des yeux furibonds, pense donc plutôt au singulier effet que produira ton absence volontaire au mariage de ta sœur et je t’en prie, ne me regarde pas comme un homme qui te nuit. Nous sommes amis pour quelque chose, que diable !

— Pardonne-moi, Gilbert ! Tu as raison, je crois que je deviens fou ! Je n’y vois plus… je souffre !

Son exaltation s’était fondue dans un abattement immense. Ses regards se posèrent sur le télégramme de son père et y restèrent fixés un moment. Gillbert observait avec une certaine anxiété les phases du combat moral que se livraient l’amour et l’affection filiale dans le cœur de son ami. Son anxiété venait de ce fait qu’il avait contribué à la croissance de cette passion ; par pur amusement certes, mais enfin, à différentes reprises, par exemple, lors de la première soirée chez Marie-Anna en improvisant des vers trou-