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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

santes mélancolies qui duraient jusqu’à l’heure du sommeil quand on ne détournait pas sa pensée dès les premiers mots.

— J’apprends que William sera de retour dimanche prochain, reprit Jeannette ; et que Georges et Henri Chesnaye arriveront de Québec samedi. Nous aurons donc notre Club des Petits-Garçons au complet… Te souviens-tu des charmantes soirées qu’ils nous ont données aux vacances de l’année dernière ?

— Oui, je m’en souviens et je suis heureuse que ce bon temps revienne, répondit Marie-Anna sans enthousiasme.

— Henri Chesnaye sera content… continua Jeannette en levant vers son amie un regard oblique plein d’espièglerie.

Marie-Anna ne semblait pas avoir entendu cette dernière réflexion. Elle observait avec inquiétude le soir tombant sur le fleuve et sur les montagnes et considérait le chemin qui restait à parcourir pour toucher au village. La nuit venait plus tôt que de coutume, des nuages lourds s’avançaient de l’occident. La température était accablante, le ciel bas, la terre chaude. Un gros orage menaçait.