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MARIE-ANNA LA CANADIENNE

manche… N’est-ce pas amusant, continua-t-elle en changeant de ton, de voir ce cher William détester si franchement la musique et malgré cela, être aux petits soins pour que je n’en manque jamais ? Quand les garçons se mettent en frais de galanterie, on ne peut imaginer tous les sacrifices qu’ils sont capables de faire !

— Ne te moque pas, Jeannette ! fit Marie-Anna doucement grondeuse. William est le modèle des amis. Je voudrais bien pouvoir donner ce nom à ces jeunes gens qui me recherchent sans cesse, attentifs à me surprendre pour glisser des compliments qui sentent l’intérêt vulgaire bien plus que l’amitié, craignant qu’un pli dérangé dans leurs cravates les rende à jamais indignes de la faveur de mes yeux. Non ; ce ne sont pas là des amis ; je n’ai pas d’amis !

— Bon ! Voilà tes idées tristes qui te reprennent ! Est-ce l’automne qui te chante ses marches funèbres dans l’oreille ?

— Peut-être…

Jeannette se tut durant quelques secondes, cherchant un moyen de faire dériver la conversation sur un sujet moins languissant, car elle savait son amie facilement accessible à d’épui-