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comprendront aussi, dans la limite où nos efforts pourront y parvenir, la réduction des taux d’intérêts très lourds qui pèsent sur l’ensemble de l’économie française. Nous espérons que lorsque ces mesures auront produit leurs effets, l’équilibre sera rétabli.

Est-ce que ce sont des espoirs si chimériques, si puérils, dénotant une telle ignorance de la matière que nous traitons ? Veuillez considérer, par exemple que lorsque M. Roosevelt a tenté aux États-Unis une expérience infiniment plus ample et plus vaste que la nôtre, l’effet de démarrage, l’effet de dégel ne s’est produit qu’à partir du moment où il est parvenu à augmenter la masse des moyens de consommation de la population américaine. Il opérait à bien des égards dans des conditions moins favorables que nous, et je vais indiquer au Sénat pourquoi : c’est d’abord à cause de la situation bancaire, puisqu’il s’est trouvé en présence d’un moratoire à peu près complet des banques, alors que tout le capital flottant de l’économie américaine était en dépôt dans les banques. Le même phénomène ne s’observe pas en France. Au contraire, nous sommes en présence d’un phénomène dont l’analogue n’existait pas en Amérique, c’est-à-dire l’existence d’une énorme thésaurisation intérieure. En Amérique, il n’y avait pas une parcelle de capital flottant qui fût thésaurisée, il était tout entier dans les banques, gelé, asservi au moratoire. Donc, à bien des égards, les circonstances étaient plus difficiles qu’en France. Dans les pays où la dévaluation a produit un résultat de démarrage économique, comment ce démarrage s’est-il produit, par quels phénomènes s’est-il traduit ? Est-ce que les premiers effets constatés ont été le reflux de l’or, l’abaissement du taux de l’intérêt, l’équilibre budgétaire ? Je ne le crois pas. Les premiers effets ont été de rénover, de raviver, même avec une sorte d’activité un peu fébrile, la