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chose de plus : que cette législation sociale ne nous entraîne dans je ne sais quel cycle infernal comme jadis l’inflation monétaire, que l’accroissement des salaires et celui des charges de l’industrie ne déterminent une hausse des prix ; que la montée des prix n’amène à son tour un nouveau rajustement des salaires et qu’ainsi, de proche en proche, nous ne conduisions l’économie de ce pays à un désordre voisin de la catastrophe.

Je voudrais opposer à ces craintes ou à ces arguments l’opinion du Gouvernement. Comment contesterions-nous qu’un ensemble de textes comme ceux que nous apportons en ce moment au Sénat ne doive déterminer une hausse des salaires ? Non seulement c’est un fait, mais c’en est l’objet. Toute la question est de savoir dans quelle mesure la hausse des salaires détermine celle des prix et, en particulier, des prix de détail. Cette relation n’est ni uniforme, ni nécessaire, ni à tel point évidente.

Je demanderai sur ce point la permission au Sénat de m’expliquer avec un peu plus de détails, comme je l’ai fait devant ses commissions. Je serai ainsi amené à répéter ce que j’ai déjà dit devant la Chambre, mais dans la vie on n’a qu’un choix : ou se répéter ou se contredire. Et tout compte fait, en pareille matière, la répétition vaut mieux !

Tout d’abord, entre la hausse des salaires et l’accroissement des prix de revient, il n’y a pas de relation uniforme. Cela tombe sous le sens, parce que dans la production d’une denrée ou d’une marchandise quelconque, la quantité de main-d’œuvre qui est incorporée est variable, et que si vous envisagez la matière première, qui est elle-même incorporée dans ce produit, vous constatez que cette dernière est produite ou extraite avec une quantité de main-d’œuvre représentant une proportion variable de son prix.

Messieurs, je voudrais vous prier de considérer