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On m’a demandé si je considérais ces occupations d’usines comme quelque chose de légal. Je ne les considère pas comme quelque chose de légal. Vous me posez la question. J’y réponds avec franchise, comme à toutes les questions qu’on me pose, et je dis toute ma pensée. Ces occupations ne sont pas conformes aux règles et aux principes de la loi civile française.

Mais quelles conséquences tirez-vous, ou prétendez-vous que je tire, de cette constatation ?

Les patrons, les propriétaires d’usines n’ont pas demandé qu’on usât de la force pour faire évacuer les usines. Bien loin de là : dans les premières lettres adressées par eux au Gouvernement, ils excluaient formellement cette hypothèse ; ils n’ont même pas fait de l’évacuation préalable des usines la condition sine qua non des conversations engagées par eux avec les représentants des organisations ouvrières.

Est-ce que vous voulez, aujourd’hui, me demander de faire évacuer les usines par la force ? Est-ce cela que vous voulez dire ?

Je ne suppose pas et je ne le concevrais pas — ceci n’est pas une précaution oratoire, j’exclus très sincèrement cette hypothèse — que les dispositions que je viens de rappeler aient changé parce qu’un Gouvernement en a remplacé un autre, et qu’après avoir admis, il y a huit jours, les faits que je viens de rappeler, on vînt aujourd’hui nous mettre en demeure, au nom de la légalité, d’user de la force pour obtenir l’application de la loi.

Il faut voir les choses comme elles sont.

S’agit-il aujourd’hui de faire évacuer les usines par la force, ce qu’à ma connaissance, personne ne nous a encore demandé ? On a parlé de réquisitions adressées par des patrons au Gouvernement. Je ne sais pas ce que le mot signifie. Je sais qu’en droit français il y a des cas où le Gouvernement possède le droit de réquisition vis-à-vis des citoyens. Je