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Il sait qu’à un pays comme la France, mûri par un long usage de la liberté politique, on peut parler sans crainte le langage de la vérité et que la franchise des gouvernants rassure — bien loin de l’altérer — la confiance nécessaire de la nation en elle-même. Quant à nous, l’immensité de la tâche qui nous incombe, bien loin de nous décourager, ne fait qu’accroître notre ardeur.

C’est dans le même esprit et avec la même résolution que nous entreprendrons la conduite des affaires internationales. La volonté du pays est évidente. Il veut la paix. Il la veut unanimement. Il la veut indivisible, avec toutes les nations du monde et pour toutes les nations du monde. Il identifie la paix avec le respect de la loi internationale et des contrats internationaux, avec la fidélité aux engagements pris et aux paroles données. Il souhaite ardemment que l’organisation de la sécurité collective permette d’arrêter la concurrence effrénée d’armements où l’Europe se trouve entraînée tout entière et conduise au contraire à son corollaire logique, c’est-à-dire à l’entente internationale pour la publicité, la réduction progressive et le contrôle effectif des armements nationaux. Le Gouvernement aura pour ligne de conduite cette volonté unanime qui n’est nullement un signe d’abandon ni une marque de faiblesse. La volonté de paix d’une nation comme la France, quand elle est sûre d’elle-même, quand elle s’appuie sur la morale et sur l’honneur, sur la fidélité à ses amitiés éprouvées, sur la sincérité profonde de l’appel qu’elle adresse à tous les peuples, peut être proclamée avec éclat et avec fierté.

Tel est notre programme d’action. Pour l’accomplir, nous ne revendiquons pas d’autre autorité que celle qui est pleinement compatible avec les principes de la démocratie. Mais nous avons besoin de posséder pleinement celle-là. Ce qui crée l’autorité dans une démocratie, c’est la rapi-