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plus large et le plus heureux pour la classe ouvrière.

Nous avons aussi, dans cet effort, une garantie plus forte que toutes les autres. La bataille que nous engageons, le Parti Socialiste sera seul, comme organisation prolétarienne, à la conduire. Mais ceux qui ne seront pas à nos côtés pour la diriger, y seront cependant intéressés autant que nous. Personne ne peut se faire d’illusions à cet égard, et je suis convaincu que personne ne s’en fait.

C’est un brocard familier aux journaux de réaction de parler des Kerensky qui font le lit des Lénine. Bien que je ne veuille émettre sur un proscrit aucun jugement blessant, je dirai cependant que j’espère bien que le gouvernement que va constituer le Parti Socialiste, ne sera pas le gouvernement Kerensky. Mais, le serait-il, croyez bien que dans la France d’aujourd’hui, ce n’est pas Lénine qui lui succéderait.

La cause est commune à tous, l’intérêt est le même pour tous. Le danger, le cas échéant, serait égal pour tous.

Nul, chez nous, n’a jamais eu le moindre dessein de forcer l’autonomie de la Confédération Générale du Travail et son indépendance nécessaire vis-à-vis des luttes politiques. Mais l’expérience des autres pays suffit pour nous convaincre que dans toutes les révolutions, fascistes ou racistes, l’organisation corporative de la classe ouvrière a été visée peut-être plus directement encore que les organisations politiques, que la destruction des institutions ouvrières a été le but autant et plus que la destruction des partis, et cela est facilement concevable si l’on veut bien se souvenir qu’en fait, tout au moins à leurs débuts, les mouvements auxquels je fais allusion ont été dans la dépendance étroite de l’oligarchie capitaliste qui les suscitait ou les dirigeait.