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Nos débats d’il y a dix ans sur la participation, ces débats dans lesquels se sont succédé à la tribune presque tous ceux qui sont sur cette estrade ou dans cette assemblée, ces débats, voyez-vous, le problème qu’ils posaient n’est pas complètement éliminé par les circonstances actuelles.

Au fond, que disions-nous, quand nous montrions au Parti socialiste ce qu’il pouvait redouter de la participation ? Nous lui disions : exercice du pouvoir dans le cadre de la société capitaliste, c’est une chose, conquête révolutionnaire du pouvoir, c’en est une autre.

N’y a-t-il pas à craindre que la classe ouvrière ne confonde l’une avec l’autre, qu’elle n’attende de l’exercice du pouvoir tout ce que doit, légitimement et nécessairement, lui procurer sa conquête ?

Eh bien, nous exercerons le pouvoir, nous ne l’avons pas conquis. Nous l’exercerons et même nous ne l’exercerons pas seuls, nous l’exercerons en société. Nous ne pouvons pas faire autre chose que de préparer, je le répète, dans les esprits et dans les choses, l’avènement du régime social qu’il n’est pas encore en notre pouvoir de réaliser à l’heure actuelle.

C’est cela le problème, et c’est cela qu’il faudra que tous ensemble, par tous les moyens de persuasion dont nous pouvons disposer, unis les uns et les autres par cette vérité commune, nous fassions comprendre aux masses ouvrières, si elles étaient disposées à l’oublier — ce dont je ne suis nullement sûr à l’heure actuelle, car cette confiance que nous demandons, je crois que nous la possédons.

Certes, pour une telle tâche, il aurait mieux valu que, dans le gouvernement, toutes les forces prolétariennes fussent représentées, et c’est là, dans