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vant une formule de Marx, que Séverac rappelle avec prédilection, quand les nécessités de la production sont devenues incompatibles avec le régime juridique de propriété qu’il a créé ; il est ruiné quand il est entré en conflit avec les exigences à la fois élémentaires et éternelles de l’intelligence et de la moralité humaines.

La question que notre expérience pose devant la nation, encore plus que devant le Parti, c’est de savoir comment le changement se fera. La question est de savoir s’il y a une possibilité qu’il s’exécute, je le répète, paisiblement et amiablement. La question est de savoir s’il est possible, à l’intérieur même de la société telle qu’elle existe, de procurer dès à présent un soulagement suffisant à ceux qui souffrent.

Je n’envisage pas un instant la possibilité d’un échec. Si je parle d’échec, et si j’en émets l’hypothèse, ce n’est que pour donner à ma pensée une expression logique complète. Mais s’il se trouvait que nous échouions, s’il se trouvait que des résistances insurmontables nous obligent à constater qu’il est impossible d’amender du dedans la société actuelle, qu’il est impossible d’exécuter, dès à présent, cette œuvre de salut nécessaire pour la nation tout entière, je serais, moi, alors, le premier à venir vous le dire.

Je serais le premier à venir vous dire : c’était une chimère, c’était un rêve vain, il n’y a rien à faire de cette société telle qu’elle est, on ne peut rien en attendre, les résistances de l’égoïsme ou de la routine, ou de l’intérêt, sont insurmontables. Je serais le premier à venir vous dire pourquoi, et comment nous avons échoué, et quelles conséquences vous devez en tirer.

Je ne vous parle pas comme un homme à qui