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nation du régime social actuel. Nous avons montré qu’il était incapable de remplir les fonctions de toute société concevable, de toute société raisonnable, qu’il était incapable de distribuer entre les consommateurs la masse des richesses qu’il pouvait créer. Nous avons montré qu’il était incapable de répartir, entre la masse des travailleurs, les quantités de main-d’œuvre que la production exige. Nous avons montré qu’il était incapable de faire bénéficier l’ensemble des hommes qui, pourtant, en sont bien, cette fois, sans contredit, les propriétaires collectifs, du progrès accumulé, de la science, de la technique, de tout ce qu’on appelle la civilisation. Nous avons dit cela, et nous en avons conclu qu’à cette société, notre effort devait tendre à substituer une société autre, foncièrement différente, qui instituerait l’ordre et la raison là où nous ne voyons que contradiction et chaos.

Nous continuons à penser tout cela, et je pense qu’il n’y a pas un homme, dans cette salle, qui ne continue à penser cela, et qui ne soit prêt à répéter cela. Notre mission, qui est précisément de construire cette société nouvelle, elle ne varie pas. Ce n’est pas l’événement politique d’hier, ce n’est pas l’événement politique de demain qui la transformeront. La tâche du Parti Socialiste reste la même. Mais je veux le dire, avec la même franchise et la même clarté, la tâche présente du gouvernement de Front Populaire dont vous revendiquez la direction, et à la direction duquel vous déléguerez des membres du Parti Socialiste, cette tâche-là est différente ; elle est différente en tout cas dans le temps.

Marcelle Pommera l’a rappelé tout à l’heure, avec une justesse parfaite : nous n’avons pas eu la majorité aux dernières élections. Non seulement le Parti Socialiste n’a pas eu la majorité, mais les partis prolétariens ne l’ont pas eue davantage. Il n’y a pas de majorité so-