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ans, dans des circonstances presque symétriques, à notre congrès de Huyghens. Je vous disais : « Nous n’avons pas été le groupe le plus nombreux de la majorité et je le déplore. Je le déplore parce que, en dépit de toutes les difficultés qui nous attendent et qui nous guettent, ç’aurait été une belle chose que de voir quelques hommes essayer de servir l’intérêt de leur pays en restant fidèles à la doctrine de leur Parti. »

Eh bien, ce sont ces heures-là que j’attendais et que j’ai vues venir avec joie, car à côté des difficultés, il y a vous, il y a votre amitié, il y a votre confiance, il y a l’élan du peuple admirable qui s’est manifesté dans ces élections avec une force inconnue. Cette discipline aux élections dernières, cette discipline si exacte, qui a stupéfié tout le monde, ce n’était pas une discipline imposée du dehors, mais une discipline libre et volontaire, voulue par le peuple lui-même. En dépit de toutes les manœuvres, de tous les mensonges, de toutes les pressions, il était résolu à dire ce qu’il ne voulait pas et ce qu’il voulait ; il a signifié sa volonté avec une clarté telle que personne ne peut plus maintenant se dérober.

Cet enthousiasme dans les masses populaires se traduit par les lettres que nous recevons par monceaux les uns et les autres, et qui montrent tout ce qu’il y a d’ardent et de magnifique dans l’espoir qui s’attache à l’œuvre que nous allons entreprendre. Et même en dehors de nous, dans les cercles de l’opinion moyenne, il y a des ennemis certes, nous les connaissons et nous ne nous laisserons pas duper par eux, mais il y a aussi ceux qui attendent, il y a ceux qui attendent avec ce sentiment étrange, que j’essayais d’analyser l’autre soir devant les camarades de la C.A.P., qui est fait à la fois d’inquiétude, peut-être d’émoi, mais aussi d’attente et d’espérance. Un député qui n’est pas des nôtres, me disait, il y a quelques matins : « Allez-y ! La