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de la République elle-même qui est en cause. J’ai la certitude que tous les républicains me comprendront, comme aujourd’hui tous les socialistes réunis au Conseil National.

Et maintenant, cette fois, c’est à vous et à vous seuls que je m’adresse. Je veux finir par un vœu personnel. Je sais que vous m’avez déjà, vous, investi, en attendant des investitures plus officielles. Dans une bataille comme celle-là, il faut un chef : il faut que le commandement soit exercé sous votre contrôle permanent, mais dans sa plénitude. Je ne vous ai jamais tenu un langage comme celui-là. Vous savez que le crédit que je peux posséder auprès de vous, auprès du Parti, je l’ai dû, au contraire, à un effort constant de conciliation et de persuasion.

Aujourd’hui, c’est autre chose. Il faut que devant les circonstances nouvelles, un autre homme se réveille dans un homme. Je sais que sans distinction aucune, votre confiance en moi est entière. Je la mérite et je la mériterai.

Je ne sais pas si j’ai les qualités d’un chef dans une bataille aussi difficile ; je ne peux pas le savoir, pas plus exactement qu’aucun de vous. C’est une épreuve que vous ferez sur moi et que je ferai sur moi-même. Mais il y a quelque chose qui ne me manquera jamais, c’est la résolution, c’est le courage, et c’est la fidélité.

Et puis, je veux vous dire encore que je ne me présente pas à vous aujourd’hui comme un homme déjà accablé d’avance sous le poids des charges et des responsabilités, bien que, croyez-le, je les connaisse. Je ne viens pas ici en vous disant : « Éloignez de moi ce calice, je n’ai pas voulu cela, je n’ai pas demandé cela ». Si, si, j’ai demandé cela, et j’ai voulu cela, parce que cela c’est la victoire de notre Parti au sein d’une victoire républicaine.

Peut-être quelques-uns d’entre vous se rappellent-ils les paroles que j’ai prononcées il y a quatre