Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.

cette espèce d’anticipation confiante sur la réalité, que l’on appelle aujourd’hui une mystique. Tout cela est incompatible avec les desseins insensés qui nous sont prêtés par la malignité perfide des uns ou la crédulité naïve des autres.

Par exemple, une des pièces essentielles de notre programme de stimulation, de re-création va être un plan d’équipement national, qui sera à la fois assez méthodique et assez vaste pour contribuer au démarrage de l’économie nationale. Nous avons émis pour ce qu’on appelle le financement de ce plan, une idée à laquelle, pour ma part, je reste extrêmement attaché. Nous avons imaginé tout à la fois de nous servir des assemblées locales pour dresser ce plan et de nous servir de ce plan pour réveiller la vie locale. Nous envisageons un appel à l’épargne locale, en spécialisant cet appel, de façon que dans telles régions déterminées, dans tels départements, dans telles villes, l’épargnant sache exactement que son apport contribuera à un travail déterminé dont il connaît l’utilité et dont il peut d’avance escompter le résultat.

Je vous demande comment nous pourrions envisager, avec la moindre chance de succès, cet appel à une épargne méfiante et susceptible entre toutes, si nous l’adressions dans une atmosphère de guerre civile, si nous avions commencé par tarir brusquement et sauvagement toutes les sources de la richesse, si nous avions jeté ce pays dans l’angoisse des crises monétaires, dont nous savons bien qu’en tout état de cause les producteurs et les travailleurs sont toujours les victimes désignées. Que pourrions-nous faire, si nous avions aggravé le poids d’une fiscalité qu’assurément nous rendrons plus juste et plus égale et que nous sommes également résolus à simplifier et à détendre avec audace ? Car nous voulons ranimer les transactions en même temps que la production. Nous voulons, dans toute la mesure du possible, réduire la marge, en grande