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temps-là, et nous essaierons de le faire, non pas par une espèce d’acte de volonté froide, délibérée, systématique, mais par la contagion d’un enthousiasme et d’une volonté que nous éprouvons tous.

Je veux maintenant insister un peu plus longuement sur un autre chapitre, sur les difficultés que nous allons rencontrer dans l’ordre financier et dans l’ordre monétaire. Nous allons nous heurter dès le départ, nous nous heurtons presque avant le départ, à des difficultés que je ne voudrais, devant vous, ni sous-estimer ni surestimer. Je ne veux pas les dramatiser. Des gênes financières, des crises monétaires, ce sont des phénomènes très importants en eux-mêmes et par leurs répercussions de tout ordre, mais tout le même c’est moins grave que la guerre ou la paix, c’est moins grave que le chômage, c’est moins grave que la misère, c’est moins grave que les bas salaires ; si important que cela soit, cela ne touche tout de même pas à la vie profonde d’un peuple.

Je tiens aussi à dire autre chose : c’est que tout gouvernement, quel qu’il fût, se présentant à l’heure actuelle devant le Parlement, prenant le pouvoir à l’heure actuelle, après des élections dont je suppose, par une hypothèse absurde, le résultat différent, tout autre gouvernement trouverait devant lui des difficultés sinon absolument égales, du moins exactement analogues. Il me serait trop aisé d’en fournir la preuve, et nous aurons assurément l’occasion de la fournir au pays.

Quel qu’eût été le résultat des élections, d’autre part, je crois bien que la crise de spéculation sur les changes se serait cependant produite, car il y a longtemps, voyez-vous, que les spéculateurs à la baisse du franc, que les pilleurs d’épaves, guet-