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Et dans la réalité des choses, n’est-il pas évident qu’une divergence de position vis-à-vis du problème de l’exercice du pouvoir, quelque effort que nous puissions faire — et je sais que le Parti le fera, de tout son pouvoir, de toute sa sincérité, — ne peut malgré tout pas servir la constitution d’une unité organique. Je crois donc que nous devons insister auprès d’eux, comme chacun l’a dit, depuis le discours de Lebas, ce matin, jusqu’au discours de Marceau Pivert, qui m’a précédé immédiatement à la tribune.

Cet appel, je pense aussi, comme l’a dit Vielle après Zyromski et après d’autres, que nous devons l’adresser à la C.G.T. réunifiée et dont la réunification est le symbole même de l’unité. Le programme commun du Front populaire, la C.G.T. réunifiée l’a expressément fait sien dans son congrès de Mulhouse, et nous devons lui demander de nous aider, de s’associer à nous, pour en assurer l’exécution.

Je crois, par conséquent, que le Conseil National devra lancer cet appel, et quand je dis qu’il devra insister, vous pensez bien que ce n’est pas pour mettre dans l’embarras des amis, des compagnons de lutte avec lesquels, quoi qu’il arrive, quelles que soient leurs décisions finales, notre amitié devra rester aussi confiante et aussi étroite. Ce n’est pas pour les placer dans cette gêne, dans ce pas difficile, mais c’est parce que, en réalité, il n’appartient ni à eux, ni à nous, ni à personne, de rompre la solidarité que les circonstances mêmes ont établie aujourd’hui entre tous les partis du Front Populaire. Aucun de ces partis ne pourrait bénéficier de l’insuccès du gouvernement. Ce n’est pas eux qui tireraient le profit de notre échec, ce seraient nos adversaires communs.

Cela est vrai des communistes, comme cela est vrai des radicaux, comme cela est vrai de tous les républicains sincères et courageux de ce pays.