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Sur ce point, tous les orateurs qui se sont succédés à la tribune ont émis le même sentiment qui est, sans nul doute, le sentiment unanime de ce Conseil National. Naturellement, je connais, comme vous tous, les déclarations qui ont déjà été faites ; j’ai lu, comme vous tous, la lettre que le Parti Communiste nous a adressée et qui a paru dans l’Humanité de ce matin, mais je reste convaincu néanmoins que ce Conseil National doit insister de la façon la plus pressante. Je crois qu’il doit faire valoir toute l’importance des faits nouveaux qui se sont produits depuis que préventivement, avant même les premier et second tours de scrutin, le Parti Communiste avait fait connaître ses intentions. Et ces faits nouveaux, ce n’est pas seulement l’importance d’un effectif parlementaire dépassant les prévisions les plus optimistes du Parti Communiste lui-même, c’est surtout et avant tout, selon moi, le fait que le gouvernement de Front Populaire, après le résultat des élections, est constitué non plus par le Parti Radical comme il était tout à fait naturel de le prévoir, il y a quelques semaines, mais par le Parti Socialiste, c’est-à-dire par le Parti auquel le Parti Communiste est lié, non seulement par le pacte de l’unité d’action, mais par l’espoir et la volonté de l’unité organique.

Et je ne puis m’empêcher de penser que dans la lettre qui a été adressée par le Parti Communiste, il y a, malgré tout, je ne dirai pas une contradiction, car le mot serait peut-être trop fort, mais il y a cependant quelque chose qu’il est malaisé de pleinement comprendre. Nos camarades communistes nous font savoir qu’ils restent résolus à ne pas entrer avec nous au gouvernement, et en même temps insistent pour la réalisation aussi rapide que possible de l’unité organique. Mais, est-ce que l’unité organique réalisée ne se traduirait pas au gouvernement comme ailleurs ? Est-ce qu’elle ne se traduirait pas tout d’abord au gouvernement ?