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n’est plus naturel et plus nécessaire que le contrôle vigilant qui doit s’exercer sur le mouvement des prix.

Mais, dans l’ensemble, je conserve pour ma part une vue optimiste et vous me saurez peut-être gré de vous communiquer la raison de ma confiance résolue en l’avenir. Dans la plupart des pays qui ont modifié leur parité monétaire et rétabli l’équilibre entre leurs prix intérieurs et les prix dits « mondiaux », l’effet de stimulation initial s’est exercé sur la situation financière et sur ses multiples éléments tels que je les désignais tout à l’heure ; encaisse métallique, aisance du marché, hausse des titres, baisse du taux de l’intérêt, etc… C’est dans une seconde phase, et par contre-coup, que l’amélioration de l’état financier s’est répercutée sur l’état économique.

Je suis convaincu qu’en France, — et pour ma part je ne le regrette qu’à demi — nous assisterons à un processus inverse. L’amélioration de la situation économique est dès à présent un fait acquis, et nous la verrons dans une phase seconde, dans une phase prochaine, se répercuter sur l’ensemble de la situation financière.

Quand l’évidence aura triomphé, quand on aura vu s’accroître, de semaine en semaine, les excédents de dépôts des caisses d’épargne et les recettes des chemins de fer, quand on aura vu s’accentuer, de mois en mois, les plus-values de recouvrement d’impôts et s’élever les indices de l’activité productrice, alors les capitaux sortiront de leurs cachettes ou reviendront de leur exil, alors le budget se rapprochera progressivement d’un équilibre réel, alors le trésor retrouvera sur un marché ranimé ou auprès d’une épargne reconstituée sa capacité naturelle d’emprunt à court ou à long terme.

Mon cher Vincent Auriol, qui est probablement à l’écoute, doit entendre ces paroles avec un souriant réconfort. Elles n’expriment, à mon avis,