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mation, est encore soumise à des tâtonnements laborieux. La situation financière sous ses différents aspects : budget, trésorerie, marché, n’a pas encore retrouvé les caractéristiques normales.

Je mentirais assurément, et mon mensonge ne tromperait d’ailleurs personne, si j’affirmais que tous les capitaux émigrés ont aujourd’hui réintégré la mère patrie, ou que la thésaurisation de l’or et des billets n’appartient plus qu’au domaine du passé.

En un sens la reprise économique si rapide et si intense, que personne n’ose plus maintenant dénier, vient encore ajouter, pour la période présente, à nos embarras financiers.

Alors qu’une masse insuffisante de capitaux a été reversée dans la circulation économique, le besoin de capitaux s’accroît, du fait même de la reprise, pour l’industrie et pour le commerce. On constate, pour la première fois depuis des années, des investissements nouveaux et des créations d’entreprises nouvelles ; des stocks se reconstituent, ce qui signifie que des dépôts, des crédits, du numéraire, se transforment temporairement en marchandises. Les importations de matières premières augmentent en quantité et leurs prix montent de jour en jour sur les grands marchés extérieurs.

Ces besoins privés viennent ainsi s’ajouter aux besoins publics dont vous connaissez les causes : déficits accumulés des budgets, programme d’armement, déficit des chemins de fer, dépenses ou avances exceptionnelles, d’ordre social ou d’ordre économique, que personne ne doit assurément regretter, puisque leur secours salutaire a précisément permis le démarrage.

Rien n’est donc plus naturel et nécessaire que les conseils de prudence donnés récemment par mes amis Vincent Auriol et Charles Spinasse à la masse des travailleurs publics ou privés, ou que les avertissements patriotiques, renouvelés par eux à l’adresse des détenteurs de capitaux rétifs. Rien