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elle-même, quand l’œuvre de réforme ne s’assemble pas sous ses yeux avec assez de célérité et de hardiesse. Une fraction des classes moyennes et de la bourgeoisie s’alarme et cherche un recours du côté de la réaction politique, quand l’effort de progrès social se présente avec un caractère d’incohérence, de partialité ou de brutalité.

Toute œuvre humaine est approximative et je ne me flatte pas que nous ayons évité ce double danger avec une perfection totale. Mais je constate cependant que l’ensemble des travailleurs et des petits producteurs reste attaché, plus étroitement, plus passionnément que jamais, à l’œuvre entreprise et qu’une portion croissante de la bourgeoisie et des classes possédantes commence à en comprendre le sens exact et à en apprécier l’intérêt pour la nation tout entière.

Au fond, nous avons prouvé — et quel que puisse être notre sort, la démonstration restera et vaudra — qu’un Gouvernement populaire pouvait être un Gouvernement national, un gouvernement de bien public. Nous avons prouvé qu’un Gouvernement démocratique, volontairement et loyalement enclos dans la légalité républicaine, pouvait être un Gouvernement de renouvellement social.

Car nous avons apporté une nouveauté, et une nouveauté dont la nation entière bénéficie. Un observateur impartial qui aurait quitté la France il y a huit ou dix mois et qui y reviendrait aujourd’hui aurait, je crois bien, les yeux frappés du changement.

La vie renaît, la nation recouvre peu à peu sa tension normale. Comme je le disais il y a quelques jours, la transfiguration morale est peut-être encore plus sensible que la transformation matérielle. Une autre humeur est venue ; la santé, la confiance, ou même la gaieté, circulent à nouveau.

Tout nous encourage donc à persévérer dans notre voie et c’est ce que nous ferons quand nous