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faut pas que les détenteurs des capitaux semblent, par leur lenteur ou leur répugnance, marquer un doute sur la renaissance économique de la France et rompre avec leur pays une solidarité inéluctable.

Les travailleurs nous ont maintes fois manifesté leur confiance. Nous sommes fiers de la collaboration qu’ils nous apportent. Pourquoi les masses épargnantes et les détenteurs de capitaux nous refuseraient-ils la leur ?

Ah ! je sais bien qu’il y a six mois, l’avènement au pouvoir d’un Gouvernement de Front Populaire à direction socialiste a jeté l’épouvante dans certains cercles de la bourgeoisie française. On redoutait la spoliation et le saccage. Peut-être même, je le dis sans nulle ironie, se résignait-on alors à consentir comme une rançon, des sacrifices infiniment plus lourds que ceux que comporte aujourd’hui l’effort commun pour la prospérité commune.

Mais comment ces rumeurs paniques pourraient-elles raisonnablement persister ? La preuve n’est-elle pas faite ? N’est-il pas constant que nous avons poussé le libéralisme économique aussi loin que ne l’avait fait aucun autre Gouvernement dans le passé, plus loin peut-être que ne l’aurait fait aucun autre Gouvernement dans les conditions présentes ?

Ai-je besoin de répéter une fois de plus que nous ne sommes pas un Gouvernement socialiste ; que nous ne cherchons, ni directement ni insidieusement, à appliquer au pouvoir le programme socialiste ; que nous travaillons, avec une entière loyauté, dans le cadre des institutions actuelles, de la société actuelle, du régime de propriété actuel ; que notre seule volonté, notre seule ambition est d’extraire de ces institutions, de cette société, de ce régime, tout ce qu’ils peuvent contenir d’ordre, de justice, de bien-être ; que nous sommes résolus à poursuivre cette tâche nécessaire par le jeu de la