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vient, où l’équilibre se sera rétabli entre l’offre et la demande, entre les revenus et les prix.

En ce sens, il n’est pas douteux que nous avons tiré une traite sur l’avenir. Il n’est pas douteux que nous avons anticipé sur la reprise. Il n’est pas douteux que nous avons agi comme si la prospérité de demain était certaine.

Mais, parmi toutes les bonnes raisons que nous avions d’agir ainsi, voici la première : une rénovation économique est impossible — tout comme la paix — si on commence par la nier. Un pays ne peut se sauver que si d’abord il ne doute pas de lui-même, que si d’abord il a foi en lui-même.

Or, le pays a recouvré cette foi.

C’est pourquoi nous pouvons aujourd’hui, sans nulle présomption, sans nulle chimère, accompagner nos vœux d’un appel à son énergie, à sa sagesse, au sens bien entendu de son intérêt.

L’œuvre commune ne pourrait plus être compromise que par l’imprudence inconsidérée des uns ou par l’égoïsme aveugle des autres.

Il ne faut pas soumettre une prospérité naissante et encore inachevée au même traitement qu’une prospérité complète et solide. Il ne faut pas que des impatiences trop aisées à concevoir viennent revendiquer prématurément la part due sur des richesses qui restent encore à créer. Il ne faut pas que des troubles sociaux éclatant à contretemps viennent contrarier la reprise, dont les travailleurs doivent être les premiers à bénéficier, comme ils ont été les premiers à récupérer leur pouvoir d’achat rogné par la déflation.

Il ne faut pas, par contre, que les masses épargnantes prolongent par leur abstention ou leur inertie le danger mortel de la thésaurisation. Il ne