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Tout le monde répétait il y a six mois : « Il faut que ça change ! »… et on s’aperçoit que déjà quelque chose est changé.

Nous n’assistons encore qu’au départ de cette rénovation nationale ; mais convenez qu’il était malaisé d’aller plus vite. Avant d’exploiter le terrain conquis, il fallait le conquérir par une pointe rapide. Avant d’aménager et de gérer notre entreprise il fallait en jeter les fondements dans tous les domaines à la fois.

Cette poussée de délivrance, il fallait l’exécuter au moment précis où la souveraineté populaire venait de s’exprimer avec tant de force, où chacun de nous s’en trouvait encore tout fraîchement imprégné. Pour insuffler ainsi une première bouffée de vie dans un organisme économique et social qui périssait d’asphyxie, il nous a fallu vaincre de vive force bien des crispations superficielles, bien des anxiétés instinctives.

Mais aujourd’hui l’oxygène a pénétré dans le corps ; le corps peut recommencer à vivre, à vivre normalement, à respirer normalement.

Certes, nous rencontrerons encore devant nous d’ardus et périlleux problèmes.

Puisque l’on se plaît à parler d’expériences, il en est une que nous poursuivons en ce moment même et que, je crois bien, personne n’avait exactement tentée avant nous : faire coïncider les effets et les incidences d’un alignement monétaire avec un ensemble de réformes sociales qui, au moins à titre transitoire, font peser une surcharge sensible sur la production ; préserver le pouvoir d’achat réel des traitements, des salaires, des revenus fixes, contre la hausse des prix résultant de cette double cause.

Nous n’aurons restitué à l’économie française une prospérité stable que le jour où la production régulièrement accrue, améliorée, ordonnée, aura pu comprimer certains éléments des prix de re-