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été vain. Dans un discours tout récent, Vincent Auriol indiquait et rapprochait tous les indices de la « reprise » : augmentation des recouvrements fiscaux et des recettes des chemins de fer, amélioration du commerce extérieur, élimination à peu près complète du chômage partiel, arrêt et régression du chômage total.

Ces chiffres ont été discutés, bien entendu. Je ne rivaliserai pas d’ingéniosité avec les commentateurs de statistiques. Nous ne nous flattons pas d’avoir résorbé en six mois tous les effets d’une crise qui dure depuis plus de six ans.

Cependant la reprise est certaine. Chacun peut l’éprouver par lui-même ou le constater autour de soi. Les stocks se reconstituent partout. La demande est devenue supérieure à l’offre. On ne se plaint plus maintenant de la mévente, on se plaint de la difficulté de livrer, car il faut toujours, n’est-ce pas, qu’on se plaigne de quelque chose. Bref, la tendance est renversée, comme disent les gens de l’art.

C’est donc une grande transformation matérielle qui se produit devant nous. Mais il me semble que la transformation morale est encore plus apparente et plus importante.

Il est revenu un espoir, un goût du travail, un goût de la vie. La France a une autre mine et un autre air. Le sang court plus vite dans un corps rajeuni. Tout fait sentir qu’en France la condition humaine s’est relevée. La revalorisation des produits agricoles et l’établissement de conditions de travail nouvelles ont rehaussé, non seulement le bien-être, mais la dignité du paysan et de l’ouvrier.

De nouveaux rapports sociaux s’établissent ; un ordre nouveau s’élabore. On s’aperçoit que l’équité, l’égalité, la liberté, ont par elles-mêmes quelque chose de bienfaisant, de salutaire. La puissance spirituelle du pays s’accroît ainsi au même rythme que sa force matérielle.