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une confiance à terme, une confiance avec sursis, mais une confiance claire, ferme et durable ; et c’est ce que la majorité de Front Populaire au Parlement n’hésitera pas à répéter une fois de plus sitôt que la question lui sera posée. Il suffira que le pays manifeste sa volonté inébranlable d’assurer, suivant une formule célèbre, qui n’était pas celle d’un révolutionnaire, « le premier et le dernier mot » au suffrage universel.

Et au surplus, ce pays, dont on s’applique, vis-à-vis des opinions hostiles, à exagérer et à dramatiser les divisions, sur qui l’on montre déjà les discordes civiles suspendues, ce pays n’est-il pas plus uni et plus unanime qu’on voudrait nous le faire supposer ?

Qui oserait, dans ce pays, professer, sans s’exposer à la honte et à l’aversion unanime, qu’il place des intérêts privés ou des intérêts de caste au-dessus du bien-être de la masse des producteurs ? Qui oserait se déclarer l’ennemi de la liberté et des institutions démocratiques ? Qui oserait s’avouer hostile au progrès et à la justice sociale ? Qui oserait reconnaître qu’il cherche le progrès et la justice sociale dans la haine et dans la discorde civile ?

Les égoïsmes, les cupidités, les ambitions ne vont pas loin quand l’opinion quasi unanime du pays les contraint à avoir honte d’eux-mêmes. Voilà pourquoi je ne m’inquiète pas des manœuvres. Voilà pourquoi je reste convaincu, comme je l’affirmais il y a huit jours, devant la fédération du Parti Radical, dont j’étais l’hôte, que rien ne peut porter atteinte à la cohésion et à la solidité du Front Populaire.

J’achève par cet acte de confiance et d’espérance. Je sais, chers amis et chers camarades, à quel point il répond à vos sentiments et à vos vœux.