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font, dès à présent, au budget de Vincent Auriol, l’avance de leur rigueur préventive, se trouvent quelques-uns des hommes dont la gestion personnelle a laissé les souvenirs… mettons les plus discutables. On dirait vraiment que l’échec personnel crée un droit à je ne sais quelle sévérité impitoyable pour les autres. Pardonnez-moi ce petit mouvement de mauvaise humeur, que vous ne jugerez peut-être pas sans excuses.

Mais je voudrais maintenant m’adresser à l’opinion impartiale. Tous les hommes de bonne foi, tous les hommes familiers avec les affaires publiques conviendront, j’en suis sûr, que le budget de 1937 présentait nécessairement un caractère de transition et de précarité. Établi honnêtement comme il l’a été, il était impossible qu’il ne prît pas en charge dans leur intégrité tous les suppléments de dépenses résultant de l’application des lois sociales, de l’alignement monétaire et, par contre, il était impossible qu’il escomptât, dans la limite des probabilités raisonnables, tous les suppléments de recettes qui apparaîtront en contre-partie du changement social, économique et monétaire.

Un ministre des Finances honnête et scrupuleux comme est Vincent Auriol, un ministre déterminé à ne pas s’en tirer par des jeux d’écritures ou des artifices de comptabilité budgétaire, se trouvait donc dans une situation difficile. Vous verrez cependant qu’il a résolu la difficulté sans ouvrir un gouffre béant de déficits, et que, son budget, sans perdre son caractère d’attente prudente et de transition, entamera courageusement l’œuvre de détente et d’équité fiscale inscrite dans le programme du Rassemblement.

Je souhaiterais que les quelques indications que j’ai fournies ici puissent couper court à la cam-