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Mais, avant que les Partis Socialistes soient en mesure de conquérir le pouvoir pour fonder une société différente — et qu’ils croient meilleure — ils peuvent être appelés à l’exercer dans le cadre de la société présente. J’avais toujours redouté, beaucoup d’entre vous s’en souviennent, qu’une confusion ne s’établît dans l’esprit de la masse des travailleurs entre l’exercice du pouvoir et sa conquête. Je craignais qu’en voyant des socialistes installés au Gouvernement, ils ne fussent le jouet d’une dangereuse illusion, c’est-à-dire qu’ils attendissent de l’exercice du pouvoir les résultats que sa conquête seule pourrait procurer. Je considérais que ce danger se présentait dans des conditions à peu près analogues quelles que fussent les modalités de l’exercice, les socialistes exerçant le pouvoir seuls ou en collaboration avec d’autres partis, participant au Gouvernement que d’autres partis constitueraient, ou leur offrant une participation dans le Gouvernement qu’ils constitueraient eux-mêmes.

En revanche, j’avais toujours pensé et professé que, dans l’hypothèse où le Parti Socialiste exercerait une influence prépondérante sur la coalition gouvernementale, ces inconvénients inévitables pourraient trouver une compensation suffisante dans les avantages substantiels assurés à la masse des travailleurs dans l’accélération du rythme des réformes, dans une sorte de « prise directe » sur la classe ouvrière, entretenant en elle le sentiment persistant du contact et de l’intelligence réciproque.

C’est de ce point de vue qu’aujourd’hui, en présence de camarades et d’amis tels que vous, je suis tenté d’examiner l’œuvre accomplie pendant le temps à la fois si bref et si long de notre existence ministérielle. Je crois pouvoir dire, sans trop de présomption, que les contre-parties ont été largement assurées. À la fin de la session dernière, quel-