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le 3 mai dans la France entière. Un Gouvernement s’est constitué, dont je n’ai pas besoin de définir, une fois de plus, le caractère. Non pas un Gouvernement socialiste ayant pour mandat d’appliquer le programme socialiste, non pas un Gouvernement fondé sur une coalition des partis prolétariens et ayant pour mandat d’appliquer le programme d’action commune arrêté d’accord entre socialistes et communistes, mais un Gouvernement de Front Populaire, fondé sur la coalition des partis groupés dans le Rassemblement Populaire, ayant pour mandat d’appliquer le programme délibéré et arrêté d’un commun accord avant la campagne électorale. Gouvernement présentant pourtant un caractère d’originalité et de nouveauté saisissant, puisque, pour la première fois dans notre pays, hors l’exception de la guerre, le Parti Socialiste participait au pouvoir ; puisque pour la première fois, et ici sans exception, le verdict des électeurs lui confiait la direction de la coalition gouvernementale ; puisque, pour la première fois, un Gouvernement recueillait l’appui et la collaboration de toutes les forces populaires, de toutes les forces prolétariennes organisées sur le plan politique ou corporatif.

Je puis bien, devant cet auditoire où mes camarades du Parti tiennent une si grande place, évoquer nos vieux débats sur la participation ministérielle. Vous savez quelle position j’y avais prise et à quelles appréhensions j’étais, pour ma part, le plus enclin. Le but du Parti Socialiste est la conquête du pouvoir politique, en vue de la transformation du régime de la propriété. C’est cette transformation sociale, dont la possession totale, intégrale du pouvoir politique est la condition nécessaire, que nous appelons, dans notre langage, la Révolution.