Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/333

Cette page a été validée par deux contributeurs.

souverain, des idées analogues à celles que je viens d’énoncer… mais comme sa pensée sur ce point vous est probablement un peu moins suspecte que la mienne, c’est à moi-même, si vous le permettez, que j’emprunterai une citation :

« Quel rôle les radicaux ont-ils à jouer ? Quelle mission à remplir ? Extraire de la société actuelle tout ce qu’elle peut contenir d’ordre et de justice ou, plus exactement, réduire à leur minimum les effets de désordre et d’iniquité que produit sa constitution même. Ils peuvent la réformer, aller jusqu’au bout des réformes compatibles avec le régime présent de la propriété.

« Nous voulons créer une société nouvelle. Leur rôle est d’amender, d’améliorer la société actuelle.

« Le laps indéterminé de temps qui s’écoulera avant la conquête du pouvoir et la transformation sociale n’est pas pour nous du temps perdu. À nos yeux, la transformation suppose une période de travail préalable qui aura suffisamment pénétré, pétri, adapté la société capitaliste, qui aura poussé assez avant le cheminement socialiste dans les choses et dans les esprits.

« Nous n’ignorons pas que ce travail préparatoire a pour conditions : à l’intérieur, la protection et l’extension des libertés politiques ; à l’extérieur, la paix. »

J’écrivais ceci il y a dix ans, au cours d’une polémique avec mon ami M. Maurice Sarraut. Je concluais qu’une action commune était possible entre le Parti Radical et le Parti Socialiste sur ces trois terrains : libertés politiques, pacification, réformes sociales. C’était par avance le programme du Rassemblement Populaire. C’était par avance, dans un autre ordre, les trois termes de la formule du 14 juillet 1935 : le Pain, la Paix, la Liberté. Ce que je pensais il y a dix ans, je le pense encore aujourd’hui. Demain comme aujourd’hui, j’essaierai d’en témoigner par mes actes.