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d’eux doit, par les moyens qui lui sont propres, concourir à dénoncer cette équivoque malfaisante pour eux tous. Oserai-je dire que le Parti Radical retrouve ici son rôle historique, car c’est lui qui a formulé le premier les principes de la démocratie politique dans la société moderne, et c’est lui qui depuis quarante ans, depuis l’âge des Léon Bourgeois, des Brisson, des Ferdinand Buisson, des Camille Pelletan, a tenté d’établir une filiation entre les principes de la démocratie politique et les lois de la démocratie sociale.

La défense et le développement de la démocratie politique, son prolongement en démocratie sociale — c’est-à-dire l’extension sur le plan de la société moderne des principes révolutionnaires de 1789 — n’est-ce pas au fond le programme du Rassemblement Populaire ? C’est pourquoi je suis convaincu que le Rassemblement Populaire est durable et que son œuvre peut et doit devenir de plus en plus active, de plus en plus efficace. Il exige, de tous les partis qui le composent, une égale loyauté, et peut-être aussi, à certaines heures, une égale abnégation. Il suppose une certaine concordance entre leur action dans le Parlement et leur action dans le pays. Chaque parti assurément conserve, et doit conserver, sa pleine autonomie, sa pleine liberté doctrinale, sa pleine puissance de propagande, mais il en doit user dans la mesure seulement où l’amitié et la confiance ne sont pas atteintes, où l’effort commun n’est pas entravé, où l’œuvre commune n’est pas altérée. Nous avons encore, si nous le voulons, un bon bout de route à parcourir ensemble et nous avons de quoi nous occuper chemin faisant…

Citoyens, je voulais, pour achever, évoquer un grand souvenir, celui de Jaurès, qui parla dans cette même salle, il y a vingt-quatre ans. Je voulais vous lire quelques fragments du célèbre discours de Toulouse où il exprimait, avec son génie