Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/328

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peut-être d’assurer la sécurité de la République à moindres frais. Pour ma part, je ne m’en pique pas… et je ne m’en charge pas.

C’est sous cet angle qu’il convient, selon moi, d’envisager le problème qui préoccupe si gravement un grand nombre d’entre vous, je veux dire le problème de l’ordre légal, le problème des conflits du travail et des occupations d’usines. Le salut de la République exige la continuité de l’ordre. Les secousses périodiques imprimées à la vie publique, et généreusement amplifiées par nos adversaires, finissent par exaspérer l’opinion. La bourgeoisie et la paysannerie s’irritent, s’alarment. D’autre part, après les immenses changements que nous avons introduits dans la vie sociale et économique, la prospérité du pays, la santé du pays, exigent impérieusement une période suffisante de stabilité, de normalité. Ainsi, à tous égards, le Gouvernement de Front Populaire serait voué à l’impuissance et à l’échec s’il ne parvenait pas à rétablir dans les esprits et dans les choses l’ordre véritable, l’ordre qui signifie à la fois le respect de la loi par tous, le respect des engagements pris par tous, la volonté de concorde, le consentement aux collaborations indispensables. De notre impuissance, de notre échec, les plus dangereux adversaires de la République seraient seuls à bénéficier.

Je le répète ici une fois de plus, après l’avoir dit bien des fois devant nos Assemblées délibérantes. Mais prenez bien garde, je vous en conjure, aux autres données du problème qui ne se résout pas aussi simplement dans la pratique qu’à une tribune du Parlement… ou de Congrès. Vous savez ce que la plupart de nos adversaires exigent de nous, ce à quoi ils voudraient nous acculer ? Ils ne se contentent pas de l’autorité amicale et vigilante qui s’efforce de concilier, qui se montre persuasive avant de se montrer ferme, qui s’ingénie