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rait sa confiance, ou si la communauté d’action indispensable entre tous les éléments qui la composent ne pouvait être maintenue, on se trouverait en présence d’une situation toute nouvelle, et à cette situation nouvelle devrait nécessairement correspondre un Gouvernement nouveau.

Appelé au pouvoir pour faire une politique bien définie, je n’en ferai pas une autre. Non seulement ce changement politique ne pourrait pas être le fait du Gouvernement actuel, mais il ne pourrait même pas être le fait de la Chambre actuelle, par la raison bien simple que dans la Chambre actuelle, il n’y a pas d’autre majorité possible que la majorité de Front Populaire. L’unique issue serait donc celle que mon ami Camille Chautemps a désignée dans son récent discours d’Angers, c’est-à-dire la dissolution et le recours au pays souverain.

Cette déclaration pourrait vous sembler suffisante. Mais je veux aller plus loin. Je vous demande la permission de vous parler non pas comme un chef de Gouvernement entre ses collègues, mais comme un républicain entre des républicains.

La conception du Front Populaire n’a jamais été acceptée sans réserve par l’unanimité des partis qui s’y sont engagés. Certains républicains s’alarment du mot, d’autres s’offusquent de la chose. Je leur demande un petit effort de mémoire. Je leur demande de se rappeler les événements qui ont précédé ou provoqué sa naissance. Son état civil est facile à dresser. Il est né le 6 février 1934, une date qui n’est pas si lointaine qu’on ne puisse s’en souvenir encore. Les ligues factieuses ont été ses parents ou ses parrains. Que ceux que le Front Populaire alarme ou offusque s’en prennent à elles au lieu de s’en prendre à nous.

Un réflexe tout-puissant, répondant à l’instinct