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ment de la condition matérielle et morale des salariés de tout ordre, des producteurs paysans, de la petite bourgeoisie commerçante et artisanale. Il voulait que les institutions démocratiques, qui sont à la fois son œuvre et son bien, fussent défendues contre toutes les entreprises et contre toutes les menaces. Enfin il exigeait, pour lui et pour l’Europe entière, la paix… la paix réelle, la paix indivisible. À l’intérieur, la liberté, le progrès et la justice dans l’ordre républicain ; à l’extérieur, la paix dans la justice internationale. Cette grande œuvre, le pays la confiait à la majorité désignée par lui, c’est-à-dire à la majorité de Front Populaire et au Gouvernement issu de cette majorité.

Il ne m’appartient pas, à moi, de juger dans quelle mesure l’œuvre est dès à présent accomplie. Nos juges les plus sévères, les plus partiaux reconnaîtront, je crois, qu’en dépit des difficultés sans nombre, — dont certaines étaient inévitables, dont d’autres auraient pu et dû être évitées — nous avons travaillé avec sincérité, avec persévérance et avec courage.

On peut louer ou blâmer ce que nous avons fait. Personne ne pourra nier de bonne foi que nous ayons fait quelque chose. Et je veux alors poser sans plus de précaution le véritable problème de l’heure présente. Devons-nous continuer ? Le ministère doit-il durer, et durer tel qu’il est, pour poursuivre l’application du même programme, appuyé sur la même majorité dans le Parlement, sur le même rassemblement de forces politiques et sociales dans le pays ?

Je vous adresse la question, citoyens. Je crois, pour ma part, que si on la posait au pays, sa réponse ne serait guère plus équivoque qu’il y a six mois. L’idée du Front Populaire — je ne veux pas