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dont vous permettrez que je reporte une part spéciale sur les organisateurs de cette journée.

Dans cette présence commune, je voudrais, citoyens, que vous vissiez d’abord la marque des sentiments réciproques qui unissent tous les membres du gouvernement.

Ma virginité ministérielle était intacte jusqu’à la formation du Cabinet actuel. J’ignore donc ce que fut l’existence intime des administrations qui ont précédé la nôtre et je me garderai bien de revendiquer pour nous un privilège qui deviendrait offensant pour d’autres. Mais vous me permettrez bien d’attester que depuis quatre mois et demi que notre Gouvernement vit et travaille, il a vécu et travaillé dans un esprit d’étroite, de parfaite union. Rien n’a troublé, à aucun moment, ce que j’appellerai notre homogénéité morale… Nous avons tous été loyaux les uns vis-à-vis des autres. Nous avons tous été confiants les uns envers les autres. Les discordances de jugement, inévitables et nécessaires, se sont toujours résolues sans effort dans l’action, parce que nos vues essentielles étaient communes, parce que notre bonne volonté et notre bonne foi étaient égales. Avant que nous nous trouvions réunis sur la même liste ministérielle, l’amitié liait déjà beaucoup d’entre nous. Je crois qu’aujourd’hui elle nous lie tous.

C’est cette union et cette amitié qui nous ont permis d’exécuter fidèlement le mandat qui nous avait été remis par la majorité parlementaire, c’est-à-dire par la volonté souveraine du pays. Jamais dans notre histoire le verdict du suffrage universel n’avait été libellé en termes plus clairs et plus décisifs qu’aux élections d’avril et mai. Le pays, meurtri par les coups et les contre-coups de la crise attendait la réparation et le soulagement. Il attendait, dans une économie enfin ranimée, une distribution plus équitable des charges sociales et des profits sociaux. Il attendait le relève-