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Cette majorité, je veux le dire ici, je l’ai dit à la Chambre, je le redirai à chaque occasion, elle est la seule possible, elle est, en tout cas, la seule possible pour nous. Et, nous vous mettons tous en garde contre les pressions et les manœuvres de toute sorte qui pourraient avoir pour effet, ou de la dissocier à la Chambre, ou de la diviser dans le pays.

Nous sommes un Gouvernement de Front Populaire. Nous sommes le premier Gouvernement auquel le Parti Socialiste ait participé. Nous sommes le premier Gouvernement auquel le Parti Communiste ait accordé un soutien que lui-même a tenu à qualifier de collaboration. Nous sommes le premier Gouvernement auquel les organisations légitimes de la classe ouvrière aient accordé un concours qui, lui aussi, a pris la forme d’une collaboration véritable.

Nous sommes le premier Gouvernement qui ait cherché et trouvé sa force dans son contact avec un Rassemblement Populaire, groupant toutes les forces matérielles et morales de la démocratie dans ce pays. Voilà notre signalement. Nous n’en voulons pas, nous n’en cherchons pas d’autre. Nous ne voulons pas, nous n’acceptons pas, pour notre Gouvernement d’autre base politique. Nous serons donc fidèles à cette majorité.

Mais, si nous avons des devoirs envers elle, elle a aussi des devoirs envers nous. La fidélité que nous lui montrons, elle doit nous la montrer à son tour. Tout en nous reprochant, quand elle le croit bon, les erreurs que nous avons pu commettre, elle doit éloigner de nous les difficultés. Elle doit se garder de tout acte qui pourrait menacer, ou dans le Parlement, ou dans le pays, la cohésion du Front Populaire lui-même. Elle doit, quand elle nous témoigne sa confiance par son vote, nous la témoigner aussi par ses paroles et par ses actes.