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nait à la mémoire : j’avais un jour entendu employer le même terme. Et c’était M. Tardieu qui le jetait comme une insulte à la face du Parti Radical.

Camarades, veut-on prétendre que nous n’ayons travaillé que pour les travailleurs, que pour les ouvriers de l’usine et de la mine, que nous ayons oublié les classes moyennes, que nous ayons oublié la classe rurale ? Est-ce que dans les premières semaines de notre installation au pouvoir les produits agricoles n’avaient pas déjà bénéficié d’une hausse sensible ? Est-ce que nous n’avons pas créé l’Office du blé… Est-ce que nous n’avons pas fait l’aménagement des dettes agricoles ? Et dès la rentrée des Chambres nous saisirons le Parlement de mesures sur les calamités agricoles qui garantiront le travail de la terre contre le plus terrible des risques.

Non ! nous n’avons pas oublié les autres catégories utiles et laborieuses de la nation. Cette propagande qui tendrait à opposer les uns aux autres, paysans et ouvriers, qui tendrait, par je ne sais quel paradoxe, à montrer les ouvriers comme des privilégiés du régime social actuel, qui tendrait à dresser, comme deux masses rivales, les masses urbaines et les masses rurales, laissez-moi vous dire — et je suis sûr que tous les républicains me comprendront — qu’elle comporte le plus grave des dangers que la République elle-même puisse courir dans ce pays : l’opposition du paysan et de l’ouvrier.

La campagne auprès du paysan pour le dresser et l’exciter contre l’ouvrier des villes, on l’a toujours menée dans notre pays, qui se souvient de l’histoire de 1848 et de 1851 ou de l’histoire des années qui ont suivi la Commune. Elle a toujours été le moyen de préparer le grand retour offensif de la réaction.

Je suis sûr qu’aucun républicain ayant médité ces leçons de l’histoire ne saurait persévérer dans