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sentir ici, dans cette ville, au centre de ce bassin houiller qui demeure depuis tant d’années le boulevard de l’organisation ouvrière, boulevard encore fortifié par l’unité syndicale.

Je vous avais dit ma joie de me sentir au centre de cette région, où l’action politique et l’action syndicale de la classe ouvrière, bien qu’autonomes, bien qu’indépendantes l’une de l’autre, et agissant selon leurs lois propres, tendaient cependant vers le même but, et souvent sous la direction des mêmes chefs.

Ce jour-là, je représentais le Parti ; je représentais le Groupe parlementaire du Parti Socialiste. Et je suis revenu aujourd’hui auprès des mêmes amis, non pas précisément dans une autre qualité — je ne parviendrai jamais à décomposer et à dissocier en moi deux hommes différents — mais je suis revenu cependant avec une qualité de plus, comme chef du Gouvernement de la République.

De grands événements se sont passés depuis lors. Devant le péril couru par les institutions et par les libertés républicaines, s’est formé le rassemblement de toutes les forces démocratiques de ce pays.

Un programme commun, pour la première fois, a été élaboré entre tous les partis politiques et toutes les organisations, groupés dans le Rassemblement Populaire. Une grande victoire électorale a été remportée, grâce à cette admirable discipline qui a été l’œuvre de tous les partis, mais qui a été surtout l’œuvre du peuple français lui-même. Un Gouvernement s’est formé à l’image du Rassemblement Populaire, à l’image de la majorité parlementaire qui en était issue. Le Parti Socialiste a non seulement accepté, mais revendiqué la direction de ce Gouvernement.

C’est aussi un peu en cette qualité que je me trouve donc ici aujourd’hui, et il n’y a pas de lieu, pas d’endroit qui puisse être mieux choisi que cette