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Le discours prononcé par Léon Blum, à la grande manifestation de Lens, le 11 octobre, est le premier en date dans la série des « comptes rendus de mandat gouvernemental ». Il fut prononcé devant un immense auditoire, essentiellement composé d’ouvriers mineurs :

Chers camarades, chers amis, vous comprenez dans quel sentiment je veux prendre en ce moment la parole. Je promène mes yeux sur cet immense auditoire. Je viens de quitter le balcon de l’Hôtel de Ville et d’assister au commencement de ce défilé qui se prolonge encore. Salengro et d’autres amis sont restés là-bas. Ici, sur la place, j’ai vu et je vois encore se développer, je ne veux pas dire toute une armée, mais tout un peuple.

Je suis plein de ce sentiment. Je me souviens — peut-être ne l’avez-vous pas oublié vous-mêmes — de la dernière occasion où j’ai été l’hôte de votre ville. Je suis venu, il y a trois ans, à Lens, au côté de mon ami Maës, entouré comme aujourd’hui des mêmes camarades. Je suis venu présider l’inauguration du monument que le syndicat des mineurs a élevé à l’homme au nom impérissable, à l’homme dont le souvenir ne s’abolira jamais parmi vous, qui, pendant tant d’années, a été votre chef et que vous avez suivi dans toutes les voies de l’action ; je suis venu inaugurer le monument de Basly.

Ce jour-là, je vous avais exprimé ma joie de me