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clairement qu’ils devaient effectuer ce travail, car il n’avait aucun rapport officiel avec les opérations de la guerre et il leur fit entrevoir qu’avant leur rapatriement en France, chacun d’eux recevrait une attestation écrite comme quoi ils auraient exécuté ce travail, non pas volontairement, mais seulement sur ordre, sous la menace des punitions les plus sévères.

« Les inculpés opposèrent alors à cela qu’on n’accorderait pas la moindre valeur, en France, à un tel papier. Ils devaient plutôt se laisser fusiller que de travailler dans une usine métallurgique. »

Pour ces motifs, chacun des inculpés fut, en effet, condamné à deux ans de prison, le Conseil de guerre examinant, dans ses considérants, la question de savoir si Roger Salengro, comme meneur, méritait une peine plus sévère que les autres.

Je crois que je puis maintenant conclure, parce que j’ai achevé. Je ne crois pas que jamais, dans une affaire de cette nature, une certitude plus complète ait pu être établie. Je ne crois pas que jamais la vérité ait pu être cernée plus étroitement et de plus près.

Vous savez ce qui est vrai et vous savez qu’il est impossible qu’autre chose soit vrai. Vous savez que la campagne menée contre Roger Salengro, au nom de l’honneur militaire et du patriotisme, repose sur l’altération de la vérité.

Pouvons-nous enfin espérer que cette séance y apporte un terme ?

Messieurs, je le voudrais. Je n’ose pas affirmer que j’en suis sûr ; je n’ose pas affirmer que la feuille infâme s’avoue vaincue.

De quoi s’agit-il pour elle ? Elle a déjà, dans des circonstances qu’aucun de vous n’a oubliées, jeté l’outrage sur une nation amie et elle cherche aujourd’hui à déshonorer un homme qui, que vous le vouliez ou non, représente la nation française devant le monde.