Page:Blum - L’Exercice du pouvoir, 1937.djvu/295

Cette page a été validée par deux contributeurs.

une circonstance impossible, qu’elle se heurte à l’évidence irréfutable et inébranlable des faits, c’est-à-dire : un seul Conseil de guerre, une seule sentence et cette sentence étant un acquittement.

Après les explications que je viens de vous fournir, je pense que l’imputation reposant sur cette formule doit vous apparaître maintenant comme entièrement réduite à néant, ce dont tous les amis de la vérité se féliciteront.

Messieurs, il y a quelque chose qui est vrai, c’est que Roger Salengro a réellement comparu devant un Conseil de guerre. Il est vrai qu’il a réellement subi une condamnation, mais c’est un Conseil de guerre allemand qui l’a jugé comme prisonnier et qui l’a condamné.

J’ai sous les yeux le procès-verbal du jugement rendu le 11 juillet 1916 par le Conseil de guerre de la onzième brigade d’infanterie de Nuremberg, dans l’affaire instruite contre les prisonniers de guerre français du camp de prisonniers d’Amberg, contre Roger Salengro et 39 autres, car, dans cette affaire aussi, je suis obligé d’en convenir, Roger Salengro était un meneur.

Qu’avait-il fait ? Il avait déterminé ses camarades de captivité à refuser le travail dans une fonderie. Il avait pris la parole en leur nom.

Les visas de l’arrêt du Conseil de guerre allemand relatent le discours tenu aux prisonniers et les menaces qui leur sont adressées.

« C’est alors, dit l’arrêt, que l’inculpé Roger Salengro s’avança et déclara, au nom des autres inculpés, que tous les autres prisonniers étaient prêts au travail le plus dur partout, que, cependant, ils ne pouvaient concilier avec leur conscience de travailler dans une fonderie.

« Le lieutenant Solch tenta de leur expliquer