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Barral et Pichot sous le contrôle et sous la garantie du général Gamelin ? Pour ma part, je ne le crois pas.

On nous a dit que l’Union Nationale des combattants n’était pas représentée. M. Rivière a déjà répondu sur ce point. Rien n’empêchait la C.N.C. de désigner comme son mandataire un membre de l’Union Nationale des combattants. Elle a porté son choix sur M. de Barral ; c’est à elle qu’en incombe l’initiative et non pas à nous, et si elle a choisi M. de Barral, c’est peut-être, laissez-moi vous le dire, parce qu’on s’est souvenu que M. de Barral avait été appelé à siéger à cette cour spéciale de justice militaire qui a réhabilité, je ne dirai pas des innocents, mais des mémoires d’innocents.

La commission examine donc les dossiers. Elle se rend compte aussitôt que la thèse centrale de la campagne menée contre Salengro, la thèse des deux sentences successives et contradictoires, se heurte à une impossibilité, je veux dire à une absurdité juridique.

Il est un fait certain, indéniable, que M. Becquart lui-même n’a pas songé une minute aujourd’hui à contester, c’est qu’il existe un jugement du 20 janvier 1916 et que c’est un jugement d’acquittement. Toute la procédure a été conservée, aucun doute n’est concevable. Il ne peut pas y avoir de jugement antérieur.

Je vous l’ai prouvé par le déroulement chronologique des faits. Mais, surtout, messieurs, réfléchissez un instant, je vous en prie. Si Roger Salengro avait été condamné à mort antérieurement au 20 janvier 1916, il aurait été condamné comme contumax, puisqu’il avait disparu depuis le mois d’octobre et comment, à moins de purger sa contumace, aurait-il pu comparaître à nouveau devant un conseil de guerre ? Comment, en tout cas, ne serait-il pas fait la moindre mention de cette première procédure au cours de la seconde ?