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mieux, il démontrait qu’il n’y avait pas, qu’il ne pouvait pas y avoir deux jugements successifs, qu’il n’y en avait qu’un et que ce jugement unique était un jugement d’acquittement.

Qui donc aurait le droit de douter de sa parole ? On n’avait vraiment qu’à s’incliner et qu’à se taire.

Mais non, messieurs, la campagne persiste, la campagne redouble, et vous savez dans quelles conditions ! Cette campagne était devenue le fait et le bien particulier d’une feuille, qu’en effet je ne lis pas, que je ne touche pas, d’une feuille dont je ne veux même pas prononcer le nom ici, mais que j’ai bien le droit de qualifier de feuille infâme.

Cette feuille, messieurs, avait fait sienne la campagne contre Roger Salengro. Elle y voyait un moyen d’attaque contre lui, contre nous, contre vous, et aussi, peut-être, un moyen de publicité pour elle.

Par conséquent, messieurs, la feuille, la feuille infâme se plaît au jeu et s’acharne. Elle provoque tous ces témoignages, consciemment ou inconsciemment produits par l’aberration du souvenir, quelquefois secrétés par la haine.

On a lu, messieurs, les états de services des témoins. Je m’incline bien volontiers devant leurs états de services. Mais je constate qu’aucun d’entre eux n’a été témoin devant le conseil de guerre.

S’il s’agit de vérifier ici des témoignages, sortirai-je ceux qui sont arrivés par douzaines, par vingtaines à Roger Salengro ? Il s’agit ici de vérifier les faits et si vous voulez constater jusqu’à quel point peuvent être sujets à caution des témoignages, même produits de la meilleure foi du monde, songez que c’est le commandant Arnould qui a affirmé que la sentence du 20 janvier 1916 était un verdict de condamnation, alors qu’il assistait à l’audience du Conseil de guerre, qu’il y figurait comme témoin et que si quelque chose est certain, indéniable, c’est