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contre Roger Salengro, il semble, monsieur Becquart, que dans ce discours si habile, si insidieux, vous n’en ayez plus tenu grand compte. Vous avez assurément senti combien cette position était aujourd’hui difficile à tenir et vous avez préféré placer le débat sur un autre terrain, en évoquant des témoignages qui visent tous le fond, c’est-à-dire en refaisant, à la tribune même, le procès que le Conseil de guerre a jugé définitivement par un acquittement le 20 janvier 1916.

Quoi qu’il en soit, la légende se développe. Après les élections de 1936, après la constitution du Gouvernement où Roger Salengro occupe le poste de Ministre de l’Intérieur, la campagne prend nettement forme et consistance.

M. Becquart écrit quatre fois au ministre de la Guerre, les 10 juillet, 20 juillet, 6 août, 4 septembre.

Le ministre de la Guerre, qui a rassemblé au ministère tous les éléments du dossier, qui en a fait lui-même l’examen et la vérification répond à trois reprises, en lettres de plus en plus précises, et de plus en plus catégoriques : lettre du 3 août, lettre du 11 août, lettre du 11 septembre.

Vous connaissez déjà, messieurs, cette lettre du 11 septembre signée par M. Daladier. Mais, dussé-je vous demander quelques minutes de patience de plus, permettez-moi de vous la relire. Voici ce qu’écrivait, le 11 septembre, le ministre de la Guerre à M. Becquart :

« Monsieur le député,

« J’ai déjà adressé à vos lettres une réponse catégorique. Vous m’en adressez une quatrième, après l’avoir communiquée à divers journaux. Vous invoquez le témoignage du commandant Arnould et du sergent-fourrier Jourdin pour soutenir à votre tour que Roger Salengro a été condamné à mort pour désertion par un premier Conseil de